Collections de faïence
Rassemblées depuis plus de deux siècles à Sèvres - Cité de la Céramique, ces collections, pour certaines de référence mondiale, sont autant de jalons esthétiques et technologiques qui permettent de suivre le voyage de la faïence depuis le IXe siècle jusqu’à l’invention d’une nouvelle technique, la faïence fine, au milieu du XVIIIe siècle dans le sillage des recherches pour fabriquer de la porcelaine en Europe.
Cette matière révolutionnaire est inventée par les potiers arabes de Bagdad au moment du plein épanouissement intellectuel et scientifique de la civilisation islamique, au IXe siècle.
La prouesse technique nécessite le concours des meilleurs alchimistes. C’est avec les conquérants abbassides que la technique voyage en Egypte puis en Afrique du nord et fait ses débuts en Espagne dès le Xe siècle. C’est là qu’elle sert de support à une autre invention majeure, le lustre métallique, qui donne aux faïences les reflets dorés du métal précieux. A la fin du XIIIe siècle, la technique de la faïence implantée en Espagne, est connue dans le sud de la France et en Italie autour des régions portuaires bénéficiant de l’intense commerce méditerranéen.
Les faïences à reflets métalliques - dites faïences hispano-mauresques - produites par les potiers arabes dans une Espagne reconquise par les catholiques sont commandées par toutes les cours d’Europe. Parmi les pièces importantes de la collection deux plats historiques réalisés pour les rois catholiques d’Espagne au XVe siècle.
Dans le grand mouvement culturel et intellectuel de la Renaissance qui parcourt ensuite l’Europe, l’Italie est le second foyer d’occident, d’où se développe à partir du XIVe siècle une production variée et de plus en plus prestigieuse de faïences.
A partir du milieu du XVe et pendant tout le XVIe les majoliques marquent la naissance et l’évolution de véritables tableaux de faïence reproduisant les œuvres de peintres célèbres comme Raphaël.
Tous les types de décors des nombreux centres de production sont illustrés par les collections : décors historiés d’Urbino et Castel Durante, portraits de Gubbio, décors renaissants de Florence, Deruta, Sienne et fonds blancs de Faenza.
La collection illustre le destin européen des majoliques italiennes commandées au XVIe siècle en Italie par la noblesse puis directement produites en Espagne, en France à Nevers, aux Pays-Bas et en Angleterre, par des potiers italiens.
La célèbre famille de sculpteurs céramistes florentins, les Della Robbia, est invitée à Paris par François Ier pour réaliser le décor du Palais de Madrid (aujourd’hui disparu).
L’histoire des techniques et des cultures céramiques du XVIIe siècle, montre son développement dans les grands centres économiques, têtes de pont du commerce maritime comme Delft dont le style des faïences imite et s’inspire des importations de porcelaine chinoises. Au Pays-Bas, les artistes peintres faïenciers développent une production particulière de plaques et de carreaux qui fait l’autre renommée des bleus de Delft.
La renommée esthétique de Nevers repose sur une tradition faïencière issue de la majolique, la production se développe entre pièces d’apparat, dévotion et usages locaux : des premières faïences polychromes de la fin du XVIe aux « bleus » de la fin du XVIIe siècle.
C’est au début du XVIIIe siècle que la faïence entre dans le quotidien du monde occidental, de la décoration urbaine à celle de la maison, de la vie publique à la vie privée : mobilier, vaisselle, hygiène. Son usage se répand dans la société avec la fréquence de son utilisation. L’importance numéraire des productions de cette époque dans les collections en constitue un témoignage précieux et unique.
Fait marquant d’un art de vivre « à la française », l’art de la table se développe, sous le règne de Louis XIV et grâce aux mesures prises par son ministre Colbert dont la politique favorise les productions de luxe. La grande ville faïencière de Rouen crée des modèles bientôt imités dans tout le royaume. Les faïences de Rouen sont reconnaissables à leur système décoratif original de motifs triangulaires tournant en bleu et rouge appelé « décor de lambrequins ». C’est à Rouen, au début du XVIIIe siècle, que sont fabriqué les premiers grands services de table comportant des objets utilitaires décoratifs : pichets à cidre et pots à eau en forme de personnages, saupoudreuses à sucre très décorées qui séduisent la bourgeoisie en plein essor.
L’influence rouennaise se fait sentir durant le XVIIIe siècle, notamment dans les productions du nord à Lille, à Sinceny.
Le plus grands centres faïenciers du Sud de la France et de l’Europe sont présents avec les spectaculaires pièces de Marseille et Moustiers-Sainte-Marie, d’ Alcora près de Valence pour l’Espagne et de Pavie, Castelli, Savone... pour l’Italie
L’explosion de l’activité faïencière du XVIIIe siècle est due à l’encouragement à la création de manufactures pour imiter les produits importés, notamment des Pays-Bas, y compris en important les artisans eux-mêmes. Ce phénomène conduit à une activité de type pré-industrielle dans laquelle des capitaux sont investis et qui réunissent des équipes formées de financeurs, d’ingénieurs, de techniciens, d’ouvriers et d’artistes. Chaque ville moyenne possède désormais sa faïencerie imitant peu ou prou les modèles et créant de nouveaux objets aux décors populaires offerts lors des étapes de la vie civile et religieuse.
La période rocaille des années 1730 est particulièrement représentée dans les productions aux formes inventives et chantournées de l’Est, Strasbourg, Niderviller et de la région parisienne, Sceaux.
La collection de faïences fine témoigne de la fièvre des recherches pour trouver la recette de la porcelaine, particulièrement dans la région parisienne et l’Est de la France. L’étendue des collections permet de suivre l’évolution de cette invention depuis le milieu du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours et d’en montrer un panorama européen.
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